Ep 11 - Joan Benoit première médaillée d'or du marathon aux JO de 1984

En 1984, elle est devenue la première femme à remporter la médaille d'or dans l'épreuve du marathon aux Jeux Olympiques, une épreuve longtemps réservée aux hommes.

À cette époque, la participation féminine dans les événements d'endurance faisait encore débat.

Qui est Joan Benoit ?

Née le 16 mai 1957 dans le Maine, Joan Benoit a manifesté très tôt un intérêt pour la course à pied, malgré une époque où les opportunités pour les femmes dans ce domaine étaient limitées. 

Cette passionnée de longue distance, à la stature plutôt menue, 1m57 pour 46 kg,, s'est dédiée entièrement à la course. Elle décide d’abandonner son post de coach de l'équipe d'athlétisme à l'Université de Boston pour se focaliser entièrement sur son entraînement. Elle parcourt près de 200 kilomètres par semaine, toujours seule pour s'acclimater à la souffrance extrême qui peut terrasser chacun lors d'un marathon.

Sa victoire au marathon de Boston en 1979, puis de nouveau en 1983, où elle a battu le record du monde, a marqué les esprits bien qu'elle ait fait l'objet de scepticisme quant à la légitimité de sa performance. En effet en  1983, la misogynie sportive ne semble pas totalement révolue, certains chroniqueurs mettent en doute la distance réelle de ce marathon soulignant que le vent soufflait dans le dos des concurrentes…
On imagine bien que leurs égos en avait pris un coup face à  la performance : 2h22min43s pour parcourir les 42km195.

En comparaison, le marathon de paris 2024 a été remporté par Mestawut Fikir en 2h20min45s.

Lorsque les sélections olympiques américaines arrivèrent l’année suivante, elle récupérait tout juste d’une opération du genou qu’elle avait subie trois semaines plus tôt, après s’être blessée à l’entraînement.

Elle remporta néanmoins les sélections avec une marge de sécurité et ses sorties précédentes suffisaient pour la ranger parmi les favorites. 

 

1984, Jeux Olympiques de Los Angeles : Le premier marathon féminin des jeux.

Le 5 août 1984, sous une chaleur accablante, Joan Benoit s'aligne sur la ligne de départ du marathon féminin des Jeux Olympiques de Los Angeles, un moment historique puisqu'il s'agissait de la première fois que cette épreuve était accessible aux femmes. 

 

Le marathon féminin n’avait encore jamais connu les honneurs des Jeux olympiques de l’ère moderne et avait été rarement couru précédemment en raison de ses supposés dangers pour la santé. 

Les débuts des années 80 marquent un tournant, alors que les femmes pratiquaient déjà le marathon en dehors des compétitions internationales, elles restaient exclues des épreuves de plus de 1 500 mètres. L'inclusion du marathon pour les femmes aux Jeux Olympiques représentait un tournant significatif dans la reconnaissance des athlètes féminines.

 

Les Norvégiennes Grete Waitz et Ingrid Kristiansen ainsi que la Portugaise Rosa Mota, figurent alors parmi les favorites.

Malgré les pronostics, elle a mené une course magistrale. Lorsqu’elle pénétre dans le stade de Los Angeles, elle ôte sa casquette blanche et l’agite pour remercier le public, puis entre dans la dernière ligne droite au moment même où Grete Waitz, déçue, pénétre dans le stade en seconde position.

Joan Benoit franchit la ligne d’arrivée dans un vacarme assourdissant, entrant ainsi dans l’histoire comme la première championne olympique du marathon. Grete Waitz suivait à une minute et demie, et Rosa Mota s’octroyait le bronze.

Sa victoire, en 2 heures 24 minutes et 52 secondes, ne fut pas seulement un exploit personnel, mais aussi une victoire pour toutes les femmes. Cette performance a été largement médiatisée, changeant la perception publique et encourageant un plus grand respect et reconnaissance pour les athlètes féminines dans le monde du sport.

Du côté des médias, Kathrine Switzer est bien-sûr au rendez-vous. Elle se joint aux spectateurs pour applaudir la gagnante. 

Une victoire symbolique 

La victoire de Benoit a eu une résonance bien au-delà de son époque, prouvant que les femmes pouvaient exceller dans le marathon et ouvrant la voie à des opportunités nouvelles pour les athlètes féminines partout dans le monde. Son exploit reste un témoignage de courage et de  persévérance féminine, établissant un précédent pour les générations futures.

Pour l’anecdocte, 40 ans après sa première participation au marathon de Boston, elle court les 42km195 en 3h04. Elle est agée de 61 ans. 

 

 

"Etre ici 40 ans plus tard, et être encore capable de courir un marathon, je me sens bénie", expliquait-elle à son arrivée.