EP 10 - Jasmin Paris, première femme à remporter la Barkley Marathons
Nouvelle légende du trail féminin : Jasmin Paris remporte la course dite la plus dure au monde, la mythique Barkley Marathon
Hier, Vendredi 22 mars 2024, Jasmin Paris est entrée dans l’histoire du trail running comme la première femme à terminer la mythique Barkley. La Barkley est une course hors norme. Remporter la course ne signifie pas arriver la première ou le premier mais terminer la course. C’est dire si cette course ne ressemble à aucune autre. Hier, Jasmin a terminé le défi de 160 kilomètres avec 20 000 mètres de dénivelé positif en 59 heures et 58 minutes, à 99 secondes de la barrière horaire fatidique.
L'Exploit !
Cette édition 2024 de la Barkley est véritablement inédite : au total, cinq participants sont finishers. Un score jamais atteint jusqu'ici.
Le plus rapide est l'Ukrainien Ihor Verys qui termine l'épreuve en 58:44:59, devant John Kelly (59:15:38), finisher pour la 3e fois, puis Jared Campbell (59:30:32), pour son 4e succès, et Greg Hamilton (59:38:42).
Mais c’est bien Jasmin Paris la grande gagnante puisque c’est la première femme à terminer la course. Qui plus est sur le fil à 99 sec de la barrière horaire.
L’arrivée de Jasmin, personne n’y croit.
Elle a été aperçue pour la dernière fois à la Tower, il lui reste moins de 3h40 pour terminer. Les coureurs la précédnt ont mis plus de 4h sur cette dernière section de la course. SOn mari lui y croit, elle l'a couru en 3 lors de la dernière boucle.
A moins de 5 minutes de la fin, elle est aperçue, sur le dernier kilomètre !
Jasmin donne tout. L’ambiance est folle, les spectateurs hurlent et l’encouragent jusqu’à la Yellow Gate. Jasmin sprinte et termine en 59:58:21. Phénoménal !
Sur le fil !
Mais au fait, c’est quoi la Barkley ?
La Barkley Marathons est née de l'imaginaire un peu fou de Gary "Lazarus Lake" Cantrell. Inspirée par l'évasion infructueuse de James Earl Ray, l'assassin de Martin Luther King Jr., dans les années 70, Cantrell a conçu une course qui serait le summum de l'épreuve physique et mentale.
Ce n'est pas simplement la distance (160 et 210 km en 5 boucles) ou le dénivelé (18 000 et 24 000 D+, deux fois plus que l'UTMB) qui font de la Barkley une course d'ultra-trail à part. C'est son absence de balisage, ses conditions météorologiques imprévisibles, et son aspect d'orientation qui exigent des compétences bien au-delà de la simple endurance.
Depuis sa première édition en 1986, la Barkley a acquis une réputation de course quasi-mythique, voire de course la plus dure au monde :
- L’inscription à la course est unique. Seuls 40 participants sont admis chaque année. La Barkley n'ayant pas de site d’inscription, les candidats doivent trouver un moyen d'entrer en communication avec le fondateur, Gary Cantrell.
- Mais rentrer en contact ne fait pas tout. Il faut écrire une lettre de motivation pour être admis.
- Si leur candidature est acceptée, ils reçoivent une lettre de condoléances, qui les avertit qu'un moment très désagréable les attend.
- Lorsqu'ils concourent pour la première fois, les coureurs doivent également amener une plaque d'immatriculation de leur pays d'origine, qui sera ensuite accrochée dans le camp à proximité de la ligne de départ et d'arrivée.
- Les règles sont aussi uniques que la course elle-même : les participants doivent prouver leur passage à certains points en arrachant des pages, correspondant à leur numéro de dossard, de livres disséminés sur le parcours.
Jasmin Paris : Un parcours sportif hors du commun
Jasmin Paris n'est pas une novice dans le monde de l'ultra-trail.
Avant de s'attaquer à la Barkley, elle avait déjà une impressionnante série de victoires à son actif, dont une victoire au scratch à la Spine Race, une épreuve de 420 km dans le nord du Royaume-Uni en 2019. En 2016, elle avait terminé 6e de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc.
Jasmin est britannique, vétérinaire, scientifique et mère de deux enfants, âgée de 40 ans. C’est seulement à l’université, qu’elle se met au running, avec quelques footings, « peut-être 15 à 20 minutes, une fois par semaine. Je ne me qualifiais pas de coureuse ».
Ce n’est qu’en 2008, de retour près de sa ville natale près de Manchester qu’elle commence à courir vraiment. Les épreuves s’enchaînent et avec elles les premiers succès.
Sa décision de participer à la Barkley ne fut pas prise à la légère. Après avoir bouclé trois tours en 2023, elle savait qu'elle avait le potentiel pour finir, alimentant son désir de revenir et de compléter les cinq tours.
Sa préparation pour la Barkley était à la fois physique et mentale, intégrant des sessions d'entraînement spécifiques pour le dénivelé et l'orientation, ainsi que des stratégies pour gérer le sommeil et la nutrition durant la course.
Jasmin, une femme hors norme.
Jasmin ne cesse jamais de courir !
Pas même le jour de son accouchement, en novembre 2017, où elle ajoute huit kilomètres au compteur.
« J’ai eu plutôt de la chance avec la grossesse. Je ne me suis pas sentie trop mal. Courir est un temps très précieux, un moment juste pour moi. Avec la maternité, je perçois ce sport de façon différente » confie l’athlète.
Pour se motiver à retrouver la forme après la naissance de son enfant, Jasmin s’inscrit donc à la Spine Race (429 km, 16K D+ sans assistance). Quelques mois plus tard, en janvier 2019, elle devient la première femme à remporter cette épreuve d’ultra-trail hivernale.
Un exploit d'autant plus grand, que Jasmin bat le record masculin de plus de 12 heures… le tout en allaitant son bébé de 14 mois. Une performance pour le moins inspirante.
A propos de la course à pied, elle dit :
« Il suffit de continuer à mettre un pied devant l’autre et de bien s’alimenter. Si nous nous donnons vraiment la peine d’y arriver, nous pouvons réaliser beaucoup plus de choses que ce que nous imaginons »
Pour conclure ce récit, retenons qu’au-delà de ses prouesses sportives, Paris démontre qu'il est possible de mener de front une carrière exigeante, une vie de maman et une passion pour l'ultra-endurance.
Dernière anecdote, Lazarus Lake le créateur de la Barkley a très longtemps soutenu que d’après ses calculs, aucune femme ne pourrait jamais remporter la Barkley, compte tenu des écarts relevés dans les épreuves d’utra endurance par rapport à leurs compétiteurs masculins. Blablabla…
Evidemment, il s’est ravisé ces dernières années, notamment face aux performances de la grande Courtney.