Le 19 avril 1967, jour du marathon de Boston, Kathrine Switzer porte le dossard 261.
Pendant la course, les organisateurs ainsi que quelques coureurs tentent de l’empêcher de finir la course. Elle réussira tout de même à passer la ligne d’arrivée, mais fut disqualifiée et suspendue par la fédération américaine d’athlétisme, qui interdisait aux femmes les courses sur route. En 2011, elle est inscrite au National Women’s Hall of Fame, pour avoir introduit une révolution sociale en encourageant la reconnaissance de la force des femmes à travers la course à pied.
Une héroïne à l’époque où les femmes n’avaient pas le droit de courir !
Et oui, pas de femmes sur des courses de plus de 800m. Incroyable n’est-ce pas ?
A l’époque les courses de fond ou de demi-fond sont jugées trop longues, trop dangereuses, Top disgracieuses, pour reprendre des termes écrits. Imaginez que les médecins eux-même contrindiquaient la course à pied de peur que les organes internes ne descendent, endommager l’utérus ou encore que le taux de testostérone augmente 😅.
Cependant, à l’aube des années 60, les femmes se révoltent y compris dans le domaine du sport en général et de l’athlétisme en particulier. En stade ou hors stade, les femmes sont implicitement exclues des compétitions.
Mais ça, c’était avant l’arrivée de Roberta !
Avant elle, Roberta Gibbs a déjà couru un marathon, illégalement
On évoque souvent Kathrine comme la première femme à courir le marathon en 1967. Ce n’est pas tout à fait juste. Un an avant, une autre femme prend le départ de la course également à Boston.
Roberta Gibbs n’a cependant pas de dossard, elle prend le départ en sortant d’un buisson, dit-on. Seule, en débardeur, elle finit la course en 3 heures et 21 minutes dans l’illégalité la plus totale donc.
Kathrine Switzer et Bobbi Gibb ont ouvert une porte. Elles montrent aux hommes qu’une femme est capable de courir aussi longtemps
😤 Les femmes jugées inaptes à la pratique sportive
Rappelons-le, les femmes étaient alors encouragée à pratiquer des activités sportives comme la natation ou la gymnastique par les autorités médicales elles-même.
Après la course : l’engagement de Kathrine pour les femmes
La course et le combat de Kathrine Switzer est relayé dans de nombreux médias. Car c’est la première femme officiellement inscrite. En effet, elle a trouvé une faille : les moeurs de l’époque interdisant aux femmes de courir du fond ou du demi-fond sont tellement ancrées dans la société, que le réglement du marathon de Boston ne comporte aucune ligne à ce sujet.
En ne rentrant que son initiale et son nom à l’inscription, elle obtint un dossard officiel. Le dossard 261 ! Pourtant quand le directeur de course l’aperçoit dans la foule de coureurs, il tente de l’évincer de la course et de lui arracher son dossard. C’est LE CLICHE de la course.
Si Kathrine a pu finir la course protégée par son compagnon et son entraineur, cette image reste gravée.
Cette photo montrant Jock Semple, alors organisateur de la course, l’agripper pour la sortir du parcours fait le tour du monde. Malgré sa disqualification et sa suspension de la Fédération Américaine d’Athlétisme, son histoire fit grand bruit et participa activement à ouvrir le marathon aux femmes.
En 1971, le marathon de New York permet aux femmes de courir les 42,195 km. En 1972, le marathon de Boston ouvre officiellement sa course aux femmes. Progressivement, l’Europe suit le mouvement. Londres dédie d’ailleurs son premier marathon avec une course exclusivement féminine. En 1978, le premier marathon exclusivement féminin voit le jour à Atlanta. Organisée par Kathrine, cette épreuve compte 200 concurrentes venues de 27 pays. Elle mettra en place aussi une circuit international visant à promouvoir la course à pied chez les femmes et l’émancipation de la femme.
En 1975, Kathrine prend le départ du marathon de Boston, officiellement, en 2h51’37 ». Soit près de 15km/h, ou 4′ au kilomètre.
1984 : le marathon discipline olympique pour les femmes
Si le marathon est l’épreuve reine des Jeux Olympiques dès leur création, il faudra attendre 1984 à Los Angeles pour que les femmes aient leur épreuve. Il y a moins de 40 ans ! L’américaine Joan Benoit remportait l’épreuve avec un chrono de 2h24. À seulement 15 minutes du Portugais Carlos Lopes, sacré champion olympique chez les hommes lors de cette édition. 18 ans plus tôt, Roberta Gibbs franchissait illégalement la ligne d’arriver du marathon de Boston.
Fini les préjugés physiques qui considérait la femme comme inapte à la pratique du marathon.
Roberta, Kathrine, Joan ont prouvé que les femmes ont leur place sur ce type d’épreuve, que ce soit les amateurs comme les professionnelles.
En 1988, aura lieu à Séoul le premier 10 000 m féminin, puis le premier 5 000 m à Atlanta, en 1996. La pratique amateure profite également de cette avancée et suit l’engouement général. Des inégalités perdurent encore toutefois, pour exemple on parle de 110m haies chez les hommes tandis que chez les femmes ce n’est qu’un 100m haies.